Art 25e prix Fondation Pernod Ricard

Art 25e prix Fondation Pernod Ricard. All the messages are emotional questionne le corps et les affects à travers une exposition et sept lauréats.

Cette année la Fondation Pernod Ricard est un peu à l’art ce que les écoles Montessori sont à l’éducation. Une « institution » qui vise à questionner les méthodes, à mettre les acteurs (artistes dans le premier cas, enfants dans le second) au cœur de la démarche et à écouter leurs suggestions. Car la Fondation a en effet décidé de ne plus décerner de prix unique. Bref, tous les artistes retenus sont lauréats de ce prix très pointu en matière d’art contemporain. Cette décision est la conséquence d’une demande collégiale. Objectif : dépasser la notion de compétition. Et oui comme à l’école. Une décision d’autant plus symbolique que la Fondation Pernod Ricard fête ses 25 ans d’existence.

Concrètement « Chaque artiste recevra désormais une enveloppe dédiée pour sa participation. La dotation du prix pour l’acquisition de l’œuvre lauréate par le Centre Pompidou atteindra quant à elle 20 000 euros, à laquelle s’ajoute l’accompagnement pour la réalisation d’un projet à l’étranger. »

25 ans et le prix des affects

Le ticket « tous gagnants » allume une joie collective peut-être, élimine un sentiment de déception sans doute. Il renforce aussi, qui sait, l’idée de communauté créative. Que du positif donc.

Ce qui tombe bien, puisque le thème retenu pour cette édition tourne autour des affects. Les artistes qui exposent au sein de la Fondation ont tous planché sur la thématique de la « circulation des affects, des sentiments et des émotions ». Le corps y a évidemment une place centrale. Antonia Scintilla, directrice de la Fondation Pernod Ricard, évoque notamment l’affective turn des années 90. L’objectif est de reconsidérer l’affect selon une perspective féministe et queer. La démarche doit beaucoup à Lauren Berlant (1957 – 2021). Car, pour la Fondation Pernod Ricard, la chercheuse américaine « a constitué un témoignage fondamental de l’exploitation mais aussi de la marchandisation des affects dans le contexte néolibéral particulièrement agressif et capitalocène de l’Amérique du nord ».

L’exposition, qui présente le travail des sept gagnants, s’ouvre sur une série de cartons. Grand format et anodins dans les couleurs.

Une manière d’attirer l’attention sur les SDF, notamment mis à l’écart de la capitale lors des JO? Une démarche qui ne respire pas vraiment la bienveillance. Des cartons qui auraient abrité des corps en souffrance, en transit permanent ou presque. Non ! Une alarme autour de la surconsommation d’emballages de vivres ou d’objets. Produits et livrés par des corps malmenés. Des cartons symboles d’une manufacture de l’inutile qui impacte par ailleurs l’environnement ? Non plus. « Paquet neutre » de Clémentine Adou parle en fait de « Stratégies de captation de l’attention et de contrôle mises en œuvre dans l’espace public ». L’artiste questionne également la notion de déchets. On pense alors à «Précieux déchets » l’exposition décalée de la Cité des sciences et de l’industrie en 2023 (1) Mais c’est autre chose. À découvrir en cheminant.

Lenio Kaklea video An alphabet fort the camera

Pernod Ricard et l’Alphabet des émotions

Parmi les œuvres les plus intrigantes et à plus forte résonance émotionnelle on retient la performance de Lenio Kaklea. En Madone des phoques et des cormorans, la chorégraphe et danseuse grecque invite à décrypter un alphabet trans-species entre entrepôt et océan.

HaYoung Tongue Test

Assez poignante bien que d’un abord très abstrait il y a aussi « Tongue Test » de HaYoung. Toujours des lettres. Elles ne composent pas cette fois-ci un alphabet animiste connectant humain et environnement. La Coréenne HaYoung entend plutôt établir une communication avec sa mère et sa langue absentes. Le manque et le déracinement se révèlent sous la forme d’un diagramme à partir des tests CAPTCHA.

Enfin Madison Bycroft explore le thème de la transmission par l’eau. Cinq personnes sur des quatre écrans vivent la diffraction du corps par la lumière des boules disco autant que par les mouvements de l’eau et par les ondes. La mémoire de l’eau nourrit et se nourrit peut-être de ces expériences. Une référence qui évoque moins les recherches controversées de Jacques Benveniste que le monde des mythes.

(1) Précieux déchets pour la mode et le design

INFOS

Fondation d’entreprise Pernod Ricard

Exposition All the messages are emotional

Jusqu’au 31 octobre

1, cours Paul Ricard 75008 Paris

Entrée libre

Du mardi au samedi de 11h à 19h
Lundi sur rendez-vous
Nocturne : le mercredi jusqu’à 21h

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