Livre Disco I’m coming out révoltes en rythme

Livre Disco I’m coming out révoltes en rythme. Sous la direction de Patrick Thevenin, une magnifique exploration du disco, phénomène culturel des années 70 qui puise dans le gospel, le jazz, la soul, le funk tout en reflétant les combats des minorités dans la boule à paillettes des clubs.

La musique fait souvent résonner les révoltes. Le blues évidemment qui monte des champs de coton, le rock anglais qui honnit le thatchérisme, le rock progressif français et italien anti-raciste, le rap parfois bien qu’il véhicule plutôt une image d’hyper consumérisme. Mais le disco ? Le disco avec la boule à facettes, les paillettes et le « party first ». Du récréatif pur, du lâcher prise de fin de semaine. Et bien oui, mais pas que, répond Disco I’m coming out, le catalogue de l’exposition de la Philharmonie de Paris.

Danser c’est (sur) vivre

Le ton est donné avec le titre I’m coming out, une référence au titre interprété par Diana Ross icône de la culture LGBTQI+. La chanson figure dans la playlist finale concoctée par Dimitri from Paris avec les non moins cultissimes Le freak (Chic) ou encore I feel love de Donna Summer. Dans les clubs des années 70 la danse et la musique sont une « parenthèse enchantée » de danse, de musique, (et d’excès) avant les années sida et la reconquête conservatrice de Ronald Reagan.

Le disco qui puise dans le gospel, le jazz, la soul, le funk est à la fois un phénomène culturel hédoniste et un mouvement d’émancipation. La boule, la mousse des clubs, les looks (des Village people à Patrick Juvet version Bowie) et l’affirmation d’une identité. Un soft power qui porte aussi les femmes.

« Après le Civil Rights Movements, c’est le féminisme de la deuxième vague qui pose le décor des années disco. Les femmes accèdent à de nouvelles libertés professionnelles et sexuelles. Ce sont les prémices de la notion d’intersectionnalité où Angela Davis démêle les liens entre racisme, sexisme et classisme dans Women, Race and Class » écrit Alice Pfeiffer p.39. Les disco divas sont proches de la communauté LGBTQI+. Elles sont aussi issues des communautés noires et latinos. Elles revendiquent la libération « l will survive » (Gloria Glaynor) comme le plaisir « Voulez-vous coucher avec moi ce soir » de Labelle. C’est une sorte de grand soir éphémère, une convergence ludique des combats des femmes, des afro et latino américains et des LBGTQI+.

La culture night fever

La fièvre du samedi soir véhicule une esthétique qui s’exhibe dans les clubs mythiques comme le Paradise Garage, The Saint, le Club 54 (New York) ou Le Palace à Paris. Des usines à rêves qui abritent des innovations technologiques variées. Des sons aux lumières en passant par les boules à paillettes, l’architecture, les assises en forme de lèvres. Un chapitre est d’ailleurs consacré au design du spectacle qui transforment les lieux festifs en scène où chacun peut être acteur. Le livre s’attache notamment à une sorte d’urbex disco avec des photos de Antonio La Grotta sur les clubs abandonnés du nord de l’Italie. Plutôt des 80es d’ailleurs car elles témoignent d’un imaginaire fait de « références antiques, luxe, démesure, brutalisme et futurisme » (p.145).

Côté style, le bling bling domine dans le disco dressing. Welcome à « tout ce qui attire l’œil ». Ainsi « Grace Jones se déhanche dans une combinaison en lamé or audacieusement ouverte, ou dans un body ultra-moulant imitant la peau et des sous-vêtements dorés » (p.164). Pour le commun des danseurs c’est pat d’éph, bodies, leggins léopard, tops en lurex, tee-shirts en strass ou encore disco bags. Mais c’est aussi des coiffures afro qui célèbrent le Black Pride et le Black is beautiful.

Le disco happe tous les pans de la culture. La culture queer s’y épanouit mais tout le monde danse sur les pistes avec Saturday night fever. Le film qui impose Travolta impose aussi le disco comme phénomène mondial. Sorti en 1977 la Fièvre du samedi soir c’est aussi la BO la plus vendue de l’histoire selon « Disco I’m coming out ».

Abondement illustré de photos d’époque, très bien documenté, alliant le léger (focus sur le boule à facettes) et le format sociologique, ce catalogue d’exposition est aussi distrayant qu’instructif. Alors Let’s dance !

INFOS

Disco I’m coming out

Sous la direction de Patrick Thevenin

Éditions de la Martinière

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