Exposition Impressions Nabies

Exposition Impressions Nabies à la BnF Richelieu. Un parcours à la fois pédagogique et harmonieux qui rassemble des œuvres venues de grandes institutions notamment du musée Van Gogh d’Amsterdam.
Les Nabis (« prophète » en arabe ou en hébreu) sont un peu méprisés. Proche des arts décoratifs et surtout des « intérieurs », le mouvement postimpressionniste a parfois été qualifié de « bourgeois ». Pourtant l’onirisme, voire le mysticisme d’un Maurice Denis ou d’un Paul Sérusier, insufflent une aura d’orphisme même au papier peint.
Ce mouvement éphémère (1890-1900), fondé par de jeunes artistes rebelles désireux d’abolir les frontières entre art et vie, s’empare ici de la lithographie en couleurs et de la gravure sur bois pour démocratiser la création. Près de 200 œuvres, tirées des riches collections de la BnF mais aussi de prêts prestigieux, composent un parcours harmonieux et accessible.
Atelier nabis : un avant-goût du design graphique

Et indéniablement pédagogique. La fabrication des différents types d’estampe est en effet expliquée pas à pas. Notamment en parcourant les différentes étapes (du croquis préparatoire au tirage final) d’une lithographie de Maurice Denis « Concert du petit frère et de la petite sœur » (1899). On suit le processus comme dans un atelier vivant: esquisses, aplats de couleur superposés, contours inspirés des ukiyo-e japonais. C’est captivant, presque interactif.

Cécile Chicha-Castex (cheffe du service Estampe moderne et contemporaine) et Valérie Sueur-Hermel (chargée des collections estampes du XIXe siècle), ont peaufiné pendant un an, cette exposition en cinq sections. Elle réunit les maîtres du groupe – Maurice Denis, Pierre Bonnard, Édouard Vuillard et Félix Vallotton – autour de leur passion pour l’estampe originale.
On part des origines, les premiers pas en lithographie et gravure sur bois, pour finir sur l’estampe au quotidien en passant par le spectacle ou encore le livre.
Le style nabi : jeu sur les couleurs et les lignes

Les deux commissaires pointent les innovations stylistiques qui forgent la signature des Nabis. Chez Vallotton, maître du noir et blanc, le contraste dramatique domine.
Ainsi dans « L’Argent » (1894), le noir « mange » presque le blanc, créant une tension sociale palpable, comme une critique acerbe du monde moderne. À l’opposé, Maurice Denis excelle dans les tonalités diaphanes de sa série Amour (1899). Les pâleurs éthérées évoquent alors une spiritualité presque mystique.
Cécile Chicha-Castex et Valérie Sueur-Hermel insistent aussi sur les formes, la simplification et l’influence des estampes japonaises très à la mode à l’époque.

Les Nabis voulaient rendre l’art accessible à tous. Ils ont donc utilisé l’estampe plus abordable qu’un tableau. On retrouve leur signature sur les affiches des spectacles comme dans les faire-parts de naissance et dans presque tous les objets du quotidien, comme ce superbe paravent de Bonnard qui clôt l’exposition.

INFOS

👉 Impressions nabies
Site Richelieu de la BnF
5 rue Vivienne 75002 Paris
Jusqu’au 8 mars 2026
🎟️ 10€, gratuit -18 ans
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