Paris Photo Rodrigo Braga feu chamanique

Paris Photo Rodrigo Braga feu chamanique. Le photographe brésilien présente sur le stand de Salon H un solo show autour de la combustion, de l’environnement et des rites. Une documentation onirique de la destruction de la forêt amazonienne et du corps à corps homme-nature. Rencontre.

Né à Manaus en 1976 d’un père écologiste, Rodrigo Braga quitte le Brésil pour « des raisons idéologiques« . Il emporte en France son savoir sur la forêt, son goût pour les cultures ancestrales, son engagement en faveur de l’environnement. Rodrigo Braga est notamment diplômé des Beaux-Arts de l’université fédérale de Recife (2002).

Le photographe expose depuis 1999 en s’attachant aux problématiques environnementales. Il rafle des prix aussi prestigieux que celui du PIPA – Musée d’Art Moderne de Rio de Janeiro en 2012. Il expose dans des lieux non moins illustres : Biennale internationale de São Paulo (2012), MoMA PS1 New York (2013). Ou encore Palais de Tokyo en 2016. Aujourd’hui, il travaille entre Rio et Paris.

À Paris Photo, il présente un solo show autour de l’expérience Pedra Latente qu’il déploie depuis 2023. Une confrontation entre corps et nature, corps et feu. Un feu destructeur mais peut-être salvateur.

Le feu entre destruction et renaissance

« Le feu est un symbole très puissant dans la culture, les rites, les arts. Il incarne la transformation. Ou bien la destruction ou bien la génération. Parfois un passage entre les les deux. Dans la série Pedra Latente, la pierre devient foyer de braises souterraines et mémoire des territoires blessés. Dans une forêt brulée, j’ai trouvé un arbre qui était consumé jusqu’aux racines. Alors, j’ai creusé la terre. Et j’ai posé une pierre dans le creux des cendres. J’ai ensuite peint la pierre en rouge. Un autre symbole car la pierre rouge est ainsi devenue la peau des Amérindiens et par extension notre peau à tous« .

Rodrigo Braga a aussi imaginé un œuf en flammes. « L’œuf de résine en feu symbolise l’avenir. Nous approchons peut-être d’un turning point, d’un point de non-retour. Car l’homme détruisant son biotope peut, peut-être, conduire à sa propre extinction. L’œuf est ce qui peut venir après. Et tout est possible« .

L’énergie des pierres


Tout semble possible car l’énergie est partout. Notamment dans les pierres. Rodrigo Braga interroge la notion de coexistence et explore les voies de réharmonisation nature–culture. « Je m’efforce de sensibiliser au fait que l’énergie est omniprésente, même dans la matière. Les atomes bougent a minima dans la pierre, mais bougent quand même« . Les pierres roulées, ovales, peintes par Rodrigo Braga suggèrent que, sous leur forme apparentement rigide, elles sont en fait pleines d’énergie. Sur le point d’éclore ou presque.

Dans un registre plus mouvant, le photographe va s’attacher à l’animalité. Notamment au bœuf. « Au Brésil, l’élevage intensif est un fléau. On brûle des forêts pour y installer des troupeaux. C’est une hérésie environnementale, un désastre pour les peuples autochtones et une souffrance pour les animaux. On le sait mais rien ne se passe, ou pas assez« .

Le corps feu et chamanisme

Rodrigo Braga se sert de son corps pour lier le vivant. Homme-animal-végétal. Une peu comme un chamane. On s’arrête évidemment devant les photos de visages menacés par des allumettes en feu. « Les allumettes sur les visages symbolisent les cinq sens. Elles sont « posées » près des yeux, de la bouche, du nez, des oreilles, de la peau. Pour simuler le feu près de la peau, j’ai travaillé avec Photoshop, un logiciel très populaire à la fin des années 90 au début des années 2000. Mais j’ai arrêté le numérique depuis 20 ans » .

Sur certaines photographies, l’artiste utilise son propre corps pour interagir avec les pierres. «J’ai récemment parcouru des terres plus arides que celles de la forêt. Là, mon corps personnifiant une humanité en ruine, était le seul vivant« .

INFOS

Rodrigo Braga est représenté par (salonH)

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