Le grand B.A.L : danse de dupes sur nature morte
Le grand B.A.L, dernier roman du jardinier philosophe Gilles Clément, se déroule dans un avenir très (trop) proche. Le consortium B.A.L (banques-assurances-laboratoires) gouverne le monde. Les espèces animales et végétales ont presque disparu terrassées par les pluies de poison de la Quatrième Guerre mondiale. Une guerre climatique qui a conduit à la confiscation du vivant. La nature, presque morte, est sous contrôle. Artefacts d’animaux et OGM assurent de juteux profits au B.A.L Les humains récalcitrants vont dans des camps de vacances forcés. Les foules dociles hurlent aux matchs de foot désormais côté en bourse et visitent les « réserves naturelles » où le B.A.L a parqué les rares spécimen des espèces rescapées.
Mais voici que Zéphirine, une minuscule musaraigne, disparaît échappant au contrôle général. Panique au consorsium. Grandes manoeuvres au JLD (Journal du Lundi) l’influent journal-agence de communication. Robert-dit-d’Yeu son charismatique directeur lance une enquête concours menée par Gaby -reporter handicapé « volant-voyant »- Llibida Pinto -artiste tous horizons-, Djzeuss – DJ spacheto (sans papiers, sans chéquier, sans portable) et Devill-Cross – star du football milliardaire.
Ce livre de science fiction loufoque regorge d’acronymes qui piquent juste, pétille de rebondissements. Dans son scénario de catastrophe écologique Gilles Clément danse avec les mots et n’épargne personne : labo, finance, religion, foot, médias, tourisme, science, transhumanisme … En subtil observateur du « Jardin Monde » il questionne les apparences, la « véritude » qui conduit à la servitude. Et si la vérité était ailleurs, si la nature était finalement récalcitrante ?
Le grand B.A.L : danse de dupes sur nature morte
Le Grand B.A.L
Gilles Clément
Éditions Actes Sud / mai 2018
L’ anniversaire sans fin d’Emma Straub
Une bête au Paradis : terre et folie