Medusa : les bijoux objets d’art et d’humanité
Le nom a été choisi pour frapper les esprits, semer le trouble, pousser au questionnement et à la transgression.
« Il faut dépasser les frontières. Symboliquement, le bracelet de bonbons d’une petite fille et une broche Van Cleef peuvent avoir une portée artistique aussi forte » estime Benjamin Lignel, créateur et conseiller scientifique de l’exposition « Nous exposons d’ailleurs les deux pièces côte à côte« .
Medusa comporte 4 sections où 400 bijoux cohabitent avec des vidéos- performances, des tableaux, des collages photos grand format et des installations. Un côté protéiforme et tentaculaire qui colle parfaitement au nom.
« Le bijou fantaisie, le bijou de créateur (Anni Albers, Sylvie Auvray, Louise Bourgeois, Akexander Calder, Salvador Dali, Man Ray, Viviann Westwood …), de joaillier, de bijoutier contemporain (Gijs bakker, Otto Künzli, Karl Fritsch …), d’anonyme … possède la même valeur si on le considère comme un outil pour dérouler un propos, parler de l’humanité » poursuit Michèle Heuzé, également conseiller scientifique de Médusa « L »individu se construit à travers le regard de l’autre, la séduction et le bijou en fait partie. »
Si « l’on n’est pas dans le joli mais dans le profond« , on est néanmoins scotchés par la splendeur de certains bijoux signés Chanel, Van Cleef, Boucheron, Hermes et autres Cartier.
Le profond on le découvre en suivant les pas décidés d’Anne Dessen. Les quatre thématiques -l’identité, la valeur, le corps, le rite- mélangent des esthétiques raffinées, amateures, futuristes ou artisanales.
Chaque section « part des a priori souvent négatifs qui entourent les bijoux, pour mieux les déconstruire et révéler, un fine, la force subversive et perfomative qui les sous-tend« .
L’exposition a aussi pour objectif de dépasser le bijou dans son usage cultuel, ornemental, usuel, de le détacher de sa connotation trop féminine.
Elle s’achève sur les bijoux du futur, une apothéose du trouble.
Les oeuvres questionnent au plus profond le corps « porteur » de gemmes et ses extensions -le smartphone en premier lieu-. D’ailleurs qui seront demain les créateurs de bijoux ? Des humains ? Des IA. La vidéo artistique montrant des insectes qui fabriquent de petites « parures dorées » est particulièrement saisissante. Et qui seront les porteurs ? Des robots et des humains augmentés à la psyché « autre » auront-ils les mêmes attentes ?
Léonore Cottrant
Medusa : bijoux et tabous
Musée d’Art Moderne de la ville de Paris
11 Avenue du Président Wilson
75016 Paris
19 mai -5 novembre 2017