Les Lalanne à Trianon : balade botanique et animaux fantastiques
Les Lalanne à Trianon : balade botanique et animaux fantastiques . L’exposition rassemble des oeuvres emblématique en osmose avec les jardins. Elle ouvre un portail espace temps entre le retour à la nature version XVIIIe siècle et les focus du XXIe.
Le 18 mars 2010 le Musée des Arts Décoratifs inaugure Les Lalanne. La première rétrospective consacrée au couple de sculpteurs inclassable scénographie dans la nef un jardin de château. Au milieu de cet univers champêtre on trouve un troupeau de moutons ainsi qu’un bassin aux oiseaux et nénuphars.
Depuis le 18 juin 2021, cette « maquette » se déploie grandeur nature au Château de Versailles, du petit Trianon au Hameau de la Reine en passant par le Jardin Anglais. Au changement d’échelle s’ajoute une multiplication d’objets. « L’exposition rassemble le plus grand ensemble d’oeuvres des Lalanne jamais réunis » précise-t-on au Château.
Le Hameau : retour à la nature version XVIIe siècle
Canards valets, vache fenêtre, âne bâté, pomme d’or, choux sur pattes, sanglier topiaire, lapin d’Alice, l’univers des artistes trouve naturellement sa place dans un domaine que Marie-Antoinette considérait comme son refuge. Et qu’elle a façonné.
Pour mémoire, en 1783 la reine décide d’étendre la partie nord des jardins de Trianon. Elle commande à l’architecte Richard Mique la construction du Hameau. Ce village autour d’un lac est composé de dix fabriques, des chaumières 5 étoiles. Le Hameau emprunte à différents courants architecturaux mais conserve une unité de ligne. On y retrouve le pittoresque du peintre Hubert Robert. Surtout, il s’inscrit dans le goût de l’époque : le retour à la nature. La reine joue la néo-rurale et surveille son exploitation : champs, laiterie, moulin, pêcherie. Les Lalanne
ajoute à ce bucolisme une touche surréaliste, poétique. Un air de fête champêtre. Comme celles que le souveraine aimait organiser.
Les Lalanne : faune et flore « usual » X baroque
Claude (1925-2019) et François-Xavier (1927-2008) Lalanne sont des sculpteurs très tôt appréciés par la jet set.
Le couple créé un univers original et interroge l’art et sa fonction. L’onirisme y côtoie le « pragmatisme ». Les Lalanne s’emploient à désacraliser la sculpture. Il la veulent pratique « usual ». C’est le célèbre rhinocéros secrétaire (Rhinocrétaire), ou l’oeuf bar de François-Xavier qui s’attache à créer un bestiaire fantastique. De son côté, Claude investie la flore, s’illustre dans des créations en lierre, les créatures mixtes comme le Choupattes (un chou reposant sur des pattes de volaille) qui devient son emblème. Celui de Francois-Xavier est le mouton sous toutes ses formes : avec ou sans laine, pour s’asseoir ou s’appuyer.
Formés aux Arts décoratifs pour l’une, à l’aura de Brancusi dont il est voisin d’atelier pour l’autre, le couple s’inspire de l’Égypte ancienne, de l’art Nouveau et Déco, du surréalisme …
Les Lalanne imagine une oeuvre singulière qui intrigue les Noailles, les Rothschild comme les couturiers et les chanteurs. Ainsi Yves Saint-Laurent commande à Claude Lalanne une série de 15 miroirs en métal à motifs végétaux et une carapace moulée sur le corps de Veruschka, le top de du moment. Elle la porte avec un drapé lors du défilée de l’automne 1969. Plus tard Serge Gainsbourg achète l’homme à la tête de chou. Elle l’hypnotise dira-t-il. Le chanteur mettra la photo de la sculpture sur l’album éponyme.
De son côté, la maison Dior demande à François-Xavier de réaliser ses vitrines. Un lien se crée. La marque est mécène de l’exposition » Les Lalanne à Trianon ».
Besoin de nature et de légèreté
La côte du couple ne cesse de monter. En avril 2021, le canard XXL (un jette vêtements monumental) de François-Xavier Lalanne est adjugé 1 963 000 E.
Autour du Hameau, les canards justement scrutent les visiteurs. Vont-ils se déployer en fauteuil pour accueillir les curieux ? Mystère. On ne touche pas les oeuvres.
La visite débute par un grand singe de bronze posé une pelouse. En gardien ou en ouvreur d’un spectacle espiègle et surréel ? Un clin d’oeil au goût de Louis XV pour la botanique et les animaux exotiques commente le Château.
Toujours dans le goût du Roi, deux éléphants végétalisés lèvent leurs trompes pour saluer ou surveiller le chemin vers le coeur : le Hameau. Les Lalanne aimait le topiaire. On le vérifie plus loin avec des sangliers et un dinosaure.
Si les troupeaux de moutons devant la Maison de la Reine et les poissons géants posés sur le Grand Lac font le show, le spectacle est partout. Dans le jardins anglo-chinois créé par Marie-Antoinette on croise le Wapiti Grand (1996), un Âne Bâté (1985), Le Très Grand Ours (2017), la Pomme de New York (2006), le Nouveau Lapin de Victoire (2007).
Le lapin est le sésame de l’exposition. Il guide les Alice aux jardins de la Reine à travers les thèmes de notre époque : nature, animaux et problématique « species », place de l’art, besoin de légèreté post COVID19.
Suivez donc le lapin malicieux et prenez la pilule verte !
Les Lalanne à Trianon
Du 19 juin au 10 octobre 2021
Exposition en plein air
https://www.chateauversailles.fr/
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