Nos chambres Annette Messager dans l’intimité de Giacometti
Annette Messager fait chambre(S) commune(S) avec Alberto Giacometti le temps d’une exposition.
La plasticienne, Lion d’or à la Biennale de Venise en 2005 et Praemium Imperiale (équivalant du prix Nobel des beaux-arts au Japon) en 2016, commence sa carrière en créant des espaces intimes, domestiques -des chambres- dédiés à chacune de ses très nombreuses activités (broderie, collection, sculpture, peinture, collage …). Aujourd’hui, elle applique le concept à l’Institut Giacometti.
Annette messager est étudiante à l’École de la Grand Chaumière lorsqu’elle rencontre Giacometti au Select un bar de Montparnasse fréquenté par l’intelligentsia bohème des années 60 « Je me souviens que Beckett, grand amateur de wiskeys irlandais, ne comprenait pas que Giacomatti boive du Johnny Walker. Mais peu importait le goût pour Giacomett. Il ne voyait qu’une chose, l’image sur la bouteille, l’image de sa sculpture l’Homme qui marche« .
Dans « La Chambres des Rencontres » on trouve des lettres d’amis célèbres, des dessins intimes, des correspondances avec Matisse, André Breton … dont certaines très coquines, des lettres à son épouse « Regardez là, là, ou là, Annette est partout » s’amuse Annette Messager qui joue de l’homonymie entre son prénom et celui de la femme du sculpteur.
On retrouve un autre face à face dans « La Chambre des Annettes« . Un écureuil taxidermé, embrouillé dans des voiles et surélevé par des coussins toise une statue de Giacometti. « Pourquoi un écureuil » hasarde-t-on. Réponse « Parce ce je l’avais sous la main ». Dont acte ! L’oeuvre symbolise la parade des artistes. La pièce est un hommage aux Annettes de la vie de Giacometti : sa mère Annette Stampa, sa femme Annette Arm et bien entendu le greffon burlesque … Annette Messager.
En redescendant quelques marches de ce magnifique immeuble art deco tout en bois et vitraux très loin de l’univers austère de l’atelier original, on trouve Sans Légende (2011-2012) une oeuvre magistrale de la plasticienne où apparaissent des références directes à Giacometti Au sol un amas d’objets du quotidien et de reproductions d’oeuvres du sculpteur (Le Chien, Une femme debout, l’ Homme qui marche) recouverts de papier aluminium peint en noir. Au mur, comme un dialogue, une horloge lumineuse dessine en ombre chinoise les jambes de l’Homme qui marche et d’autres éléments de l’installation apocalyptique.
On quitte « La chambre des Légendes » pour gagner celle des désordres. Désordres des sens et du temps. Une note une horloge dont les aiguilles sont remplacées par des jambes sur une cheminée « On trouve très souvent des horloges au dessus des cheminées nous avez remarqué ? » interroge l’artiste malicieuse. À côté « le Boule Sleeping Bag » un sac de couchage qui se referme sur une grande vulve couronnée par la boule et le croissant de lune de l’oeuvre surréaliste de Giacometti. Avant de partir on détaille les quatre petites figurines de prostituées du Sphinx en route vers leur abîme.
FineLife tv aime cette exposition tout en finesse et humour où Annette Messager met en scène le temps, le corps, l’humain … autant de mottoes communs à Giacometti.
leonore.cottrant@finelife.info
Institut Giacometti
5, rue Victor Schoelcher
Paris 75014
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