Rodolphe Lombard : histoire et sociologie de la couleur
Rodolphe Lombard, l’un des grands coloristes parisiens, à répondu aux questions de Finelife Tv sur l’histoire et la sociologie de la couleur des pharaons à Hitchcock en passant par la pub.
Extrait de l’ITV.
Finelife TV : Quelles sont les origines et la sociologie de la couleur ?
L’objectif était de cacher les cheveux blancs signe de vie vieillesse, un symbole négatif en matière d’image. L’usage de la couleur était réservé aux Égyptiens et aux égyptienne de l’aristocratie. Les plébéiens n’avaient pas le droit d’y recourir.
Les Romains prirent la suite. La couleur était très importante dans la Rome Impériale. Acte de guerre comme acte social, elle symbolisait en premier lieu la force. Les Romains les Romaines employaient des éléments chimiques très abrasifs pour le cuir cheveu et la fibre capillaire. La troisième grande période est la Renaissance avec l’apparition de cette merveilleuse couleur, le blond vénitien.
C’est Eugène Schuller qui a inventé en 1900 la coloration d’oxydation et qui l’a démocratisée.
Finelife TV : La couleur est-elle un code social ?
Longtemps la couleur a été réservé aux femmes. Les hommes qui y recouraient étaient considérés comme des excentrique ou des gens qui manquaient de virilité. Au Moyen Âge, les prostituées devaient se colorer les cheveux en rouge avec du sang de bœuf et payer un impôt comparable à la gabelle. La période hollywoodienne marqua l’avènement de la blonde hitchcockienne : la femme inaccessible, froide, mystérieuse, la mère et la tueuse. Un autre fait intéressant est que dans les publicités de l’époque est que la « gentille » c’est la blonde, la ménagère, celle qui reste au foyer et fait à manger à sa famille avec tous les nouveaux appareils ménagers. La mauvaise femme, la mauvaise consommatrice, elle, était incarnée par la femme noire. Face à la levée de boucliers des activistes des droits civiques, on remplaça la femme noire par la brune dans le rôle de la bad girl. La brune devint l’antithèse de la « bonne femme » au foyer. Elle fumait, elle buvait, elle sortait, bref elle était pas fréquentable. Le fait que l’industrie et la propagande qui ont créé et accompagné la consommation de masse se soient emparé d’une couleur montre à quel point la coloration reflète les codes sociaux.
Finelife TV: Vous dites « le cheveu c’est la vie ». Pourquoi ?
Finelife TV : Vous enseignez tout cela à vos élèves ?
Rodolphe Lombard : La couleur est un monde. C’est ce que j’essaie d’enseigner à mes élèves.
Pendant les Master Class, j’élargie leurs horizons en leur faisant découvrir un univers qui ne fait pas pas forcément partie de leur vie Je leur montre des tableaux de mes peintres préférés des maîtres de la couleur comme Miro, Soulages, Rothko. Je les questionne sur ce qu’il ressentent face à ses couleurs et je leur demande de le traduire dans leurs colorations.
https://www.coloreparodolphe.com