Grand Appartement de la Reine : réouverture au Château de Versailles

Le Château de Versailles ouvre de nouveau les portes du Grand Appartement de la Reine après 3 ans d’aménagements techniques et de minutieux travaux de restauration. Place à l’apparat et aperçu de la vie à la cour de Louis XIV, Louis XV et Louis XVI. L’heure est au métissage des époques comme à la protection anti-incendie.

Au-dessus de l’Orangerie, à côté de la galerie des glaces, le Grand Appartement de la Reine incarne la quintessence du luxe et du raffinement Ancien Régime tout en renvoyant à une figure de légende : Marie-Antoinette.

L’héroïne de Sofia Coppola fut la dernière occupante de cet ensemble de quatre pièces symétrique au Grand Appartement du Roi. Avant elle, plusieurs dauphines et deux reines y vécurent. Marie-Thérèse d’Autriche (épouse de Louis XIV) et Marie Leszczynska (épouse de Louis XV) y moururent la première en 1683, la seconde en 1768.

La vie de cour : de l’apparat aux cabinets privés

La visite débute le « saint des saints » la chambre de 1 000 m2 dans son « meuble d’été » tel que Marie-Antoinette l’a laissé en fuyant Versailles.

L’immense « lit à la duchesse » aux tentures blanches garnies de motifs floraux et de plumes de paon aimante le regard comme les lustres de cristal de roche et les dorures style rocaille.

Dans ce lit sont nés 19 « Enfants de France » puisque les reines accouchaient comme elles mourraient c’est-à-dire en public. Elle se levaient et se couchaient également devant une assistance choisie. Une étiquette pesante et pompeuse. Marie Antoinette y échappait en se réfugiant dans ses appartements privés, au Hameau de la Reine ou au Petit Trianon.

Mise aux normes et restauration pour 8 millions de visiteurs annuels

La Chambre, comme l’ensemble du Grand Appartement de la Reine de nouveau ouvert au 8 millions de visiteurs-admirateurs, est le fruit d’un travail à la fois technique et artisanal.

Il concerne notamment la mise aux normes du système électrique, la détection incendie – sujet brûlant après la catastrophe de Notre-Dame de Paris-, le système d’évacuation et de surveillance.
Une climatisation douce, un ‘traitement de l’air » a par ailleurs et installé.
On s’interroge sur la caractère énergivore du système et sur son impact sur le patrimoine.
Lors de la visite de presse on nous a confirmé que la période de pré-test n’a duré que 8 mois et que les tests vont commencer avec les visites. Certaines pièces ont été « desexposées » dans l’attente de résultats définitifs et un retrait de meubles est possible si un problème apparaissait. Par ailleurs on nous a rappelé que ce patrimoine a été exposé à des conditions climatiques extrêmes (chaleur, poussières) pendant des siècles. In fine ce soufflage d’air frais doublé d’un système d’humidification et de déshumidification devrait protéger les plafonds soumis à des températures allant jusqu’à 45 ° l’été.

Côté restauration le Château a fait appel à des menuisiers, des ateliers de doreurs et de tisseurs.

« Elle a fait l’objet de soins minutieux comme le démontage des parquets, l’aspiration des poussières et la protection des textiles du lit et des soies des murs » certifie Catherine Pégard, présidente du Château de Versailles.

Nuances et authenticité : motto de la restauration

plafond grand appartement de la reine restauré

Dans la chambre, les travaux se sont focalisés sur les boiseries et le plafond « signature » de l’époque  Marie Leszczynska.

Le fastueux décor originel créé pour Marie-Thérèse épouse de Louis XIV fut en effet « balayé » par les travaux de Robert de Cotte et Gabriel de 1730 à 1735. Il laissa la place à un décor de boiseries blanc et or de style rocaille dédié à la discrète épouse de Louis XIV. Au plafond, quatre médaillons de François Boucher illustrent les vertus de toute bonne épouse : fidélité, charité, abondance et prudence.

La restauration des grisailles de Boucher a révélé un gris bleuté ombré qui fait ressortir les coquines vertus et par contraste les dorures. Le plafond en trompe l’oeil débarrassé de ses repeints et vernis oxydés déploie une palette chromatique dans les mêmes tons subtils.
Afin de redonner leur éclat aux boiseries endommagées, les dorures on fait l’objet d’un traitement à l’eau. Résultat : un fond blanc gris qui colle plus à l’époque.

Le mobilier, touche personnelle de Marie-Antoinette, est en place : la cheminée ornée de bronze comme le célèbre portrait de la Reine peint par Vigée LeBrun.

« Dans cette pièce, on admire l’intrication de trois règnes successifs qui donne un style indéfinissable, un condense d’ Ancien Régime » estime Catherine Pégard,

Un condensé d’Ancien Régime

La restauration et les aménagements techniques concernent également les autres pièces de l’Appartement de la Reine : salon des Nobles, antichambre du Grand Couvert et la salle des Gardes. L’objectif était de remettre en état tout en recréant les univers chromatiques d’origine. 

'Antichambre des Nobles  Marie-Antoinette versailles

Dans l’Antichambre des Nobles où Marie-Antoinette donnait ses audiences, les maitres restaurateurs Tassinari & Chatel ont retissé les soieries murales -un damas vert pomme- ainsi que la double bordure en fils d’ors altérée par le temps et le climat. La pendule « aux sultanes » et la girandole « aux autruches » –  bronzes caractéristique du gout turc- ont été révisées et nettoyées.

antichambre du grand couvert grand versailles

antichambre du grand couvert grand versailles

Ce parcours en enfilade débouche sur la l’Antichambre du Grand Couvert qui, comme son nom l’indique, était dédié au somptueux soupers auxquels assistait une cour spectatrice. Comme dans la Chambre de la Reine, la pompe s’étalait. On était au spectacle. Les rénovations majeures ont ici été réalisées en 2010 avec une intervention sur les stucs dorés, les décors de marbre des murs et les peintures.

antichambre des gardes gardes marbres restaurés

antichambre des garde de la reine versailles

Une intervention moins urgente que dans la Salle des Gardes de la Reine où les lambris de marbres polychromes n’avaient jamais fait l’objet d’une rénovation dans les règles de l’art.
Bien pire : l’état des décors peints par Noël Coypel. Les sujets exaltant la mansuétude des souverains – le triomphe de Jupiter au centre et des actes de justice et de piété tirés de l’histoire antique dans les voussures- frôlaient le chaos. Aujourd’hui, après la dernière étape de restauration – la réintégration de la couche picturale-, les peintures ont retrouvé leur splendeur d’antan et Jupiter règne au centre du plafond octogonal -comme Louis XIV au centre de son monde- servi et serti de couleurs subtiles.

 » Le Grand Appartement était fermé depuis 2016. Cette réouverture m’émeut. Le temps nous a fait découvrir et redécouvrir des choses que nous ne voyions pas ou que nous ne voyions plus » conclue Catherine Pégard.

Léonore Cottrant

Crédits photo

Château de Versailles et Finelife TV

Château de Versailles
http://www.chateauversailles.fr/

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