Après la fête-Un faux départ : romans générationnels ?
Après la fête-Un faux départ : romans générationnels ?
Dans un premier roman, Après la fête, Lola Nicolle remue sa jolie plume dans les années de « prime jeunesse« . Une époque bénie d’études dans une fac de lettres où Raphaëlle, son héroïne, s’épanouie entourée de sa nouvelle tribu. Niché dans un appartement de la Goutte d’Or pas encore gentrifié, son quotidien est émaillé de fêtes -en robes légères au printemps- dans les bras d’Antoine son ami à la bouche délicieusement ourlée.
Où est le « générationnel » dans ce récit – bien écrit- d’une ressortissante de la petite bourgeoisie de province ?
Dans son amour pour Antoine originaire d’une cité dans laquelle la Haine c’est tous les jours ?
Dans les conflits du couple nés de différences de regard sur la société, des facilités de l’une et des galères de l’autre à décrocher un CDI ?
C’est un peu mince comme roman « générationnel ».
On a plutôt impression de lire un journal intime consignant la nostalgie d’un amour gâché et d’une jeunesse insouciante entre les oscillations de l’adolescence et les obligations de l’âge adulte.
« Nous cherchions l’amour comme une marchandise par laquelle nous réaliser, plus que tout posséder. Quelque chose dont nous pouvions à loisir disposer quelque chose qui serait assez solide pour nous définir (…) Et moi je t’avais possédé jusqu’à t’acheter. Et toi, piégé, tu n’avais souhaité alors qu’une chose m’acheter en retour« .
Acheter, posséder comme jamais avant c’est peut être là que se niche l’aspect générationnel.
Peut-être là oui avec également les descriptions d’un Paris qui rétrécit pour ressembler à sa carte postale, un Paris dont Raphaëlle « explore » les dernières poches de « résistance ».
« Faux départ » de Marion Messina tape beaucoup, beaucoup plus fort.
Aurélie bac en poche débarque à Paris. Elle est brillante, elle va de battre et … elle va perdre.
Retour â la case provinciale de départ sans haine, comme un destin social assumé.
Entre le départ et le retour, Aurélie traverse toutes les galères de l’étudiante périphérique de souche populaire.
En premier lieu se loger de plus en plus loin de Paris et claquer en loyer les 3/4 des mini salaires de micro boulots ultra précaires et réïfiants.
L’auteur dissèque remarquablement le monde du travail étudiant des années 2000.
On retient les entretiens d’embauche pour un job d’hôtesse d’accueil à la hauteur d’une candidature à un poste de Dir Com.
Les descriptions de la station RER Châtelet les Halles à l’aube auraient, elles, leur place dans une anthologie sur « la France qui se lève tôt ».
Aurélie, va tenir longtemps dans cette jungle. Elle est amoureuse, amoureuse follement d’Alessandro qui se rêve, se voit déjà en écrivain latino culte. Échec là aussi. Car selon le Goncourt en herbe, si les Françaises épousent les migrants par solidarité, les milieux littéraires se montrent plus réticents.
Échec encore côté amitié. Le complice d’Aurélie, étudiant et livreur dans une start up, quitte la fac après un accident de scooter. Il se tourne vers l’agriculture bio.
Combien sont-ils ceux/celles qui, rêves brisés et aucunement nostalgiques de leur prime jeunesse, se construisent un autre avenir ?
Ces avenirs reconstitués un peu comme les familles bâtiront peut-être un monde à venir.
Après la fête-Un faux départ : romans générationnels ?
Après la fête
Lola Nicolle.
Éditions Les Escales
https://www.editis.com/maison/les-escales/
Un faux départ
Marion Messina
Éditions Le Dilettante
https://www.ledilettante.com/
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