Princesse Data : le retour de Rabbin des Bois

Princesse Data : le retour de Rabbin des Bois est une virée de Paris à Tel-Aviv qui prophétise une prochaine guerre numérique et « philosophe » sur nos sociétés du jugement. Un peu facile mais efficace, Zeitgeist et plaisant.

Avec « Lève-toi et code », son premier opus, il a fait le tour des plateaux où ça buzz de « On n’est pas couché » à « Bonjour les terriens » en passant par QG36 sur Youtube.

Il est vrai qu’il y avait du scandale dans l’air.
L’auteur, qui se cache derrière le nom un rien kitsch de Rabbin des Bois, avait cracké les codes de Sciences Po Paris. Objectif vertueux selon lui puisqu’il s’agissait d’attirer l’attention de l’établissement sur ses failles de sécurité. Sujet sensible, on vient encore de le vérifier avec Twitter (1). L’IEP lui aurait garanti l’impunité en contrepartie. Une impunité qui a fait pschitt. Suite à la publication du hacking dans le quotidien Le Monde, Sciences Po a saisi la justice. Et bim !

À partir de là tout est parti en buzz. Allez on parie que le look l’a aidé.
Lunettes, chapeau, masque qui préservent, dit-il, sa sécurité et son anonymat, Rabbin des Bois relève de la bénédiction médiatique. D’autant plus qu’il ne se fait pas prier pour présenter en direct des trucs de hacking express et d’une apparente facilité. Les journaux geek le traitent d’ailleurs de petit joueur.

Aujourd’hui, celui qui se déclare lanceur d’alerte sort la suite de ses aventures intitulées « Princesse Data ». L’altesse en question c’est K, son mentor en hacking, une légende du dark net qui a imaginé des arnaques ultra lucratives et prophétise que la data va remplacer le pétrole comme monnaie ultime.

Au début du livre, on retrouve Rabbin des Bois au Tribunal de Grande Instance de Paris. Il vient récupérer ses instruments de travail : clés USB, disque dur externe et autres outils technologiques. Des sésames indispensables pour remettre le clic sur ses précieux Bitcoins et couler des jours radieux.
On le quitte sur sur le Rooftop d’un hôtel branchée de Tel-Aviv en compagnie d’une mystérieuse et sublime jeune femme.

Entre les deux, « l’auto fiction » met en garde le lecteur comme le ferait un lanceur d’alerte que Rabbin des Bois répète être.

Des conseils et une ligne de conduite prudente doublée d’une conception personnelle de la vertu qui mêle concret et … concret.
Ne pas succomber à l’insistante incitation à juger sans cesse comme le demandent les Gafam qui, à l’aide du jugement des usagers,
font pression sur leurs livreurs et autres employés esclaves.
Surveiller son smartphone afin de ne pas inverser les rôles et faire que l’outil devienne le maître du maître initial.
Magouiller un peu dans le Dark net pour éviter le syndrome Gilet jaune : 1 600 E en fin de carrière, une santé déglinguée et un horizon de joyeusetés très restreint.

Rabbin des Bois attaque par ailleurs l’asservissement via la came de la reconnaissance à tout prix sur les réseaux sociaux. Une inclusion dans la nouvelle société du spectacle incessant qui se double de la peur de la solitude pourtant propice à la réflexion donc à la critique des modèles.

Le livre se lit vite et avec plaisir. On s’amuse des généralités, des fanfaronnades mais on retient l’arrière-fond orwellien. La prochaine guerre ne sera peut-être pas numérique comme le proclame Rabbin des Bois dans Princesse Data mais veiller au plus près sur nos données et leurs usageS est plus que jamais une urgence vitale.

Princesse Data : le retour du Rabbin des Bois

(1) Dans la nuit du 15 au 16 juillet 2020, Twitter a connu l’un de ses pires piratages. Des dizaines de comptes de célébrités, comme ceux Bill Gates, Barack Obama ou Elon Musk … ont été hackés.

Princesse Data
Rabbin des Bois
Editions de La Martinière
http://www.editionsdelamartiniere.fr/

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