Piraterie Tancrède Voituriez : amour, aliens et hacking

Piraterie Tancrède Voituriez : amour, aliens et hacking. Un roman où le piratage de la NASA et le retour mystérieux de la sonde Voyager tournent à l’ode à la terre et à l’amour. Un livre qui esquisse aussi une “cyber métaphysique”.

Petite, Grace danse. Sensation d’apesanteur. Plus tard, elle devient astronaute.

Camille nage. Depuis toujours. Il est informaticien et hacker. Dans le cyber espace il flotte hors gravitation.

Amour et hymne à la terre

Pourtant c’est lors d’un Sommet de la Terre qu’il se rencontrent. Dans un Rio alternatif vibrant de couleurs et de discours. On suit les approches amoureuses maladroites de Camille et ses tentatives loufoques pour voler des temps de paroles. Normal, il est pirate.
Et c’est aussi sur terre, dans une futaie bretonne aux allures de Stonehenge qu’il se quittent. Car Grace doit rejoindre son monde : NASA, Agence Spatiale, Européenne et ISS.

Aliens et IA

La NASA, Camille l’a hackée. Oui, pour l’auteur la cybersécurité est à revoir. Un piratage déstabilisant. En effet, la sonde Voyager partie il y a plus de 40 ans explorer les confins de l’univers, là où le soleil n’est qu’un point infime, fait route arrière. Retour sur terre. Pour quelle raison ? La NASA comme les agences spatiales mondiales se taisent. Il s’agit de ne pas affoler les Terriens avec une hypothétique invasion d’aliens. Des extra-terrestres plutôt intelligence artificielle que petits hommes verts. Tancrède Voituriez se livre à une exploration des peurs aussi avisée que drôle.
Après quelques fuites, les chercheurs experts en astronomie exigent des explications. L’occasion de manifestations cocasses dans un Paris où “l’on trouve toujours quelqu’un pour s’indigner”. Mais le mystère reste total.


Pendant ce temps Grace tourne en orbite et effectue scrupuleusement son travail de scientifique. Exploratrice mais pas pirate. Elle attend la sonde Voyager, son message et ses éventuels messagers.

Tancrède Voituriez nous emmène au Kazakhstan et au Texas pour suivre l’entraînement très documenté des astronautes.
Les conversations de recrutement entre Karl le luthérien et Grace, l’incarnation de la vie, tournent à l’introspection psychologique. On évoque Jung et le privatio boni – l’absence d’existence du mal en soi- et le privatio mali- son contraire. Grace est une candidate particulière. Très jeune, très épanouie et dotée d’un père poursuivi pour arnaque à la reforestation. L’occasion pour Tancrède Voituriez, économiste, de tacler le greenwashing de certaines entreprises green tech.


Piraterie et ontologie

Alors que Grace regarde la planète bleue, Camille fait dialoguer ses machines. Des écrans noirs ou bleus où s’affichent, via le e-learning très spécial inventé par le pirate, des messages scintillants. Les ordinateurs communiquent. Des inventions de citations d’hommes célèbres, des discours, des blagues, un livre. Puis le pirate les questionne sur Voyager.
Alors sous-entend le livre, quelles limites fixer aux algorithmes ? Doit-on se méfier d’une république des ingénieurs ? L’homme va-t-il fusionner avec les machines ? Un être désincarné, un esprit qui vit ailleurs et autrement que dans un corps, est-il encore un Humain ? Tancrède Voituriez questionne avec humour un futur lointain de l’humanité ?

Voyager poursuit toujours sa course vers ses origines. À son bord, les plus belles créations de l’homme : musique classique, image du Taj Mahal, formules mathématiques … Les aliens y ont-ils été sensibles ? Sont-ils du côté du privatio boni ? Grace, envoûtée par la beauté de la terre vue de l’espace, reviendra-t-elle ? Camille et ses machines établiront-ils le contact ?

Un bijou de poésie et d’audace

Dans Piraterie, Tancrède Voituriez compose une ode à la Terre, aux galaxies, à l’amour. Le roman s’avère une belle initiation à l’aventure spatiale et suscitera sans doute une nouvelle curiosité pour l’astronomie. Mais à travers les sensations que font jaillir la mer, les odeurs, les couleurs de Normandie, de Cornouilles, d’Amérique latine, le livre s’inscrit dans une veine écologique. En filigrane, Piraterie esquisse également une petite ontologie de la high tech.
Un bijou de poésie et d’audace.

Piraterie figurait dans la sélection finale du premier prix cyber de l’ANSSI – Agora 41
https://agora41.fr
https://www.ssi.gouv.fr/



Piraterie
Tancrède Voituriez
Editions Grasset
https://www.grasset.fr

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