Loin des querelles du monde Anne Rozen : plume en crise
Loin des querelles du monde Anne Rozen à travers une plume en crise dresse un portait de la boboïtude de Saint-Germain des-Prés et des Cévennes. Le livre est un poinçon qui laisse des griffures ciselées sur un monde de plus en plus cynique et marketé.
Il est égoïste, goujat, maniaque. Mais voilà, Germain Pourrières est un auteur de best-sellers. Alors on lui passe tout. Même sa dernière lubie : écrire un livre qui lui ressemble, un roman qui ne va pas se vendre. Car c’est certain il va plaire pense-t-on dans la micro sphère de l’édition parisienne et ses premiers cercles.
Célibataire endurci doté d’une soeur boboïsant dans les Cévennes et d’un neveu sous la coupe d’une artiste hard vegan, Germain Pourrières veut donc se retirer loin des querelles du monde. Certes la vie germanopratienne lui convient. Notamment les dîners en ville dans une cuisine du monde où se croisent Noa, top israélien à l’oeil rond de vache, Salomé chasseuse de tête en tailleur et talons raisonnablement hauts ou encore un magnat des médias. Germain Pourrières se fout d’être hors sol. D’ailleurs il se fout de tout ce qui n’est pas lui. Mais voilà, il lui vient une envie insidieuse d’autre chose. Peut-être de se désennuyer tout en préservant confort et manies ainsi qu’une vie alignée sur les tendances comme un petit doigt sur le pantalon.
Simone, une femme pour l’été (elle porte mal l’habit l’hiver), un plaisir gourmand et très réglé pour l’écriture et surtout Les Aimées, la toile de Toulouse Lautrec, vont soutenir sa tentative de distanciation par le « nouveau livre ». Une distanciation qui va prendre un tour imprévu et radical pour ce quiqua en crise un rien dépassé par le monde qui se profile.
Le livre d’Anne Rozen brille par la précision des détails : codes vestimentaires, nouveaux impératifs gastronomiques et conversationnels, spots du pouvoir littéraire. Des petits points qui cousent malicieusement une carte de la capitale entre guide Vuiiton et chronique urbaine de M le Monde.
On adore détester Germain Pourrières et ses aventures dans l’éco système parisien. On s’en délecte, on en rit. Mais au delà de la caricature, ses états d’âme -qui n’en font pas un être plus humain- reflètent les mutations d’un milieu littéraire de plus en plus cynique. Des changements imprégnés d’un story telling marketé qui balaie tout sur son chemin. Dans les Lettres comme ailleurs. Et là on rit moins.
Loin des querelles du monde – Anne Rozen : plume en crise
Loin des querelles du monde
Anne Rozen
Éditions Le Dillettante
https://www.ledilettante.com/
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