Pierre Gonalons Allégories Hôtel de Soubise

Pierre Gonalons Allégories Hôtel de Soubise. Dans le cadre de la Paris Design Week 2020, entretien avec le designer autour d’une exposition qui mêle fastes du 18e et objets rares de Maisons d’excellence. Bonus : mini questionnaire proustien et rapport à la surconsommation.

Léonore Cottrant : pourquoi ce nom Allégories ?
Pierre Gonalons : Il m’est venu comme une évidence en visitant l’hôtel de Soubise. L’exposition a lieu dans les deux pièces princières où triomphent l’esprit 18é et son goût des allégories.: allégorie de l’amour, de la chasse, de la musique. En écho mon travail avec les canapés percés peut être vu comme une allégorie du vide.

Quel est le fil rouge de l’exposition ?
Comment habiter aujourd’hui des lieux exceptionnels.

Comment avez-vous choisi les objets et les Maisons ?
Toutes les pièces sont nouvelles sauf deux fauteuils et canapés All Around. J’ai travaillé avec mon éditeur Italien, la manufacture des Emaux de Longwy pour les vases, Masiero Paris pour les luminaires, Tai Ping pour les tapis, Métaphores pour les tissus …

Pouvez-vous parler des matières ?
D’abord il y a le marbre. J’aime travailler les blocs. Le placage du marbre est très léger car il repose sur une base nid d’abeille-aluminium. Ici on est dans l’illusion, dans une sorte de rêve baroque. Le jeu consiste aussi à ouvrir les tables et à découvrir une autre couleur. C’est le côté tranche napolitaine (rires). Enfin il y a la déstructuration, on casse le classique orthogonal.

Et à côte du marbre ?
Les canapés Métaphores en bois et mousse. Ici on est dans un lin teinté avec un cerclage en laiton. Au sol, les trois modèles de tapis Tai Ping et leurs trois couleurs. C’est vraiment la couleur qui créé la forme. L’inspiration vient des photos de maquillage qui coule de Irving Penn que j’apprécie beaucoup.

Pierre Gonalons privé – mini questionnaire Proust

À quel objet pensez vous en vous réveillant ?
Ma tasse de thé.

À quel objet pensez-vous avant de vous coucher ?
Ma tasse de tisane (rires). Ma lampe de chevet.

Vos indispensables ?
Dans le domaine des objets, je n’en ai pas vraiment. Alors disons la maroquinerie de mon sac et les vases Murano que j’ai dessiné et que j’ai la chance de voir chez moi.

Vos sources d’inspiration ?
Elles sont pléthoriques. Mais avant tout les arts décoratifs. Le génie de René Lalique me subjugue. Ses ondes florales, de la joaillerie aux objets, traversent l’art occidental.

Pierre Gonalons – designer et société de surconsommation

Quel est le rôle du designer dans un monde de surconsommation ?
Filtrer, réguler. Le designer doit encourager une vision plus attentive, plus raffinée des choses. Une exposition comme Allégories semble inaccessible, réservée aux galéristes, aux gens très riches. Elle l’est. Mais je pense que l’on peut quand même s’inspirer des couleurs, des matières.

Pendant la confinement, il a beaucoup été question d’un monde de demain, plus responsable, un peu plus « spartiate ». Qu’en pensez-vous ?
Vu de Paris peut-être. De Bombay ou de Sao Paulo, je ne sais pas. Je l’espère. Il y a encore beaucoup de travail. Le covid a peut-être un peu rebattu les cartes et freiné la consommation de masse.

Les urbains chics peuvent-ils ou veulent-ils se passer d’un confort certain ?
Peut-on se passer du superflu ? Il faut produire pour que les gens travaillent et gagnent de l’argent. Il faut consommer mais des produits sourcés (issus de forêts gérées de manière responsable par exemple) et fabriqués par des artisans L’équilibre entre l’essentiel et le superflu est une question politique et sociale. Une question d’éducation aussi. À l’école on doit apprendre aux enfants comment les choses sont faîtes.

Pierre Gonalons en (très) bref

Né à Lyon, Pierre Gonalons, designer et architecte d’intérieur, est diplômé de l’école Camondo. En 2004 il fonde sa marque Ascète. Imprégné de culture italienne et d’arts décoratifs, il prône le choc visuel et cultive une scénographie qui met en regard lieux historique et objets contemporains. Pierre Gonalons a déjà imaginé un set à l’esprit cinématographique dans un Palais Renaissance de Bologne (Italie) pour son éditeur de canapés. Il a par ailleurs shooté ses objets à Maisons-Laffitte et dans un château 19e du centre de la France pour la réalisation de catalogues.

Crédits Photo
Portrait Pierre Gonalons : Sarah Hocine-Rastic pour FineLife TV
autres photos : FineLife TV

Pierre Gonalons Designer
https://www.pierregonalons.com/

Tai Ping
https://www.taipingtent.com/

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