Expo : le fabuleux bestiaire augmenté de Vincent Fournier
Expo : le fabuleux bestiaire augmenté de Vincent Fournier au musée de la Chasse et de la Nature. Une Uchronie en forme de cabinet des curiosités où se mêlent fleurs et créatures magiques issues de l’imaginaire de l’artiste nourri à la SF, à la mythologie spatiale, à la BD et aux vanités contemporaines. Un shot de beauté et de poésie en pleine crise climatique et interrogations sur ChatGTP.
Récemment le Quai Branly présentait les Sept Sœurs, une exposition sur l’un des récits fondateurs les plus importants de la mythologie aborigène. En fin de parcours les sœurs se transforment en Pléiades et étoiles d’Orion.
Vincent Fournier lui aussi s’inspire de la terre et du ciel à travers une soixantaine d’œuvres : vidéos, sculptures, photos. Sa spectaculaire panthère noire constellée d’étoiles est une merveille magnétique. Difficile de la quitter des yeux. Et toujours à regret. Comme un voyage interrompu.
Bestiaire fabuleux de la manta furtive à la panthère nostalgique
Les autres créatures de ce bestiaire fabuleux nous mettent également dans un était de presque hypnose. Par leur beauté, leur étrangeté. Mais elles sollicitent également notre imaginaire. Tant pour deviner en quoi elles sont augmentées que pour construire des histoires et des chemins. Ceux qui conduisent à regarder le vivant avec respect, sans complexe du dominant. Car ici les super héros ce sont les animaux. Pas façon tortues ninjas mais plutôt créatures d’uchronie. Uchronie ? Récit qui consiste à imaginer un monde à partir d’un événement dont l’issue aurait été modifiée. À chacun de deviner les transformations et le monde.
Mais le résultat est sublime. Manta furtive créant des leurres acoustiques, oiseau tempestaire au bec d’or qui contrôle les phénomènes célestes grâce à la musique; hibou furtif dont les plumes résistent aux prédateurs; baleine fantôme composée de particules célestes; libellule au capteur luminescent qui mesure la pollution; ibis aux pattes de métal résistant à des températures extrêmes. Mais aussi lapin très intelligent, irrésistible fennec, chouette du film Spiderman, lézard mimétique augmenté, mammouth de plumes ….
La mythologie de Vincent Fournier
Vincent Fournier imagine des animaux augmentés super héros en rupture avec le courant des chimères et y ajoute une dimension scientifique à travers les ciseaux génétiques. Résultat : le ballet des animaux de demain dans l’Uchronie de l’artiste.
Le photographe travaille à base de photos d’animaux naturalisés passées aux filtres du numérique et de sa propre mythologie.
« Je croise des imaginaires, celui du futur des années 80, celui de l’espace et celui des animaux. Tout cela vient de l’enfance » explique le créateur devant des images d’astronautes. Car l’exposition ne présente pas que des animaux augmentés. Vincent Fournier revisite l’exploration de l’espace avec des photos prises dans les régions où les explorateurs stellaires s’entrainent. Notamment l’Islande dont les paysages seraient les plus semblables à ceux de Mars. L’occasion d’admirer la beauté de la terre.
Plus loin des fleurs vanités. « L’homme veut contrôler la nature. Les fleurs en forme de phalanges rappellent que tout est éphémère. Les omoplates les différents petits os sont également inspirés du mythe de la plante et de l’agneau. Nous sommes entre Darwin et Cronenberg » commente l’artiste.
D’autres Fleurs de chair renvoient à l’hybridation.
Ces œuvres manipulés par ordinateurs chantent Daisy bell, la chanson de l’Odyssée de l’espace autre référence de Vincent Fournier. Ou bien murmurent. Une évocation des Furtifs de l’écrivain de science fiction dystopiste Alain Damasio, ami du photographe.
« Les transhumanistes travaillant sur l’utopie de l’homme augmenté. Vincent Fournier, lui, crée une poésie de l’animal augmenté » précise Christine Germain-Donnat, conservatrice en chef et directrice du musée et commissaire de l’exposition.
Le Cœur immortel fait d’or et de plomb surmonté de citrines fait écho à ces utopies de la biomédecine comme à la pierre philosophale des alchimistes. Le grand Oeuvre promesse d’éternité.
Un parcours en forme de cabinet de curiosités à la Jorge Luis Borges
Dans la scénographie, les animaux augmentés et les autres œuvres sont intégrés aux collections du musée de la Chasse et de la Nature. Notamment aux représentations d’oiseaux de Louis XIV très attaché à sa Ménagerie. D’autres arrangements montrent la libellule augmenté dialoguant avec ses congénères naturalisés comme avec les papillons symboles de l’âme.
Ailleurs les fleurs manipulées par ordinateur côtoient les créations de Brendel, ces herboristes qui, entre la fin du 19ème et le début du 20ème siècle, ont imaginé une centaine de fleurs de grande taille en papier mâché mêlé entre autres de bois, coton, pulpe de joncs, perles de verre. On distingue par ailleurs Herbarius, l’herbier créé par Miguel Chevalier par IA et présenté au Louvre à l’occasion de l’exposition « Les Choses ».
À la fin du parcours, on est tentée de suivre non pas le lapin d’Alice mais le cerf des mythes qui va conduire les animaux à se transformer en étoiles. Nous, les humains on attendra. Les utopies d’Elon Musk n’ont encouragé pour l’instant que des voyages dans l’espace ultra polluants pour milliardaires.
Photo principale : Panthère nostalgique
INFOS
UCHRONIE Vincent Fournier
Musée de la Chasse et de la Nature https://www.chassenature.org/
Jusqu’au 17 septembre
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