Le prix Lewis Baltz couronne Marina Gabonneix et Hélène Giannecchini

Le prix Lewis Baltz couronne Marina Gabonneix et Hélène Giannecchini. La première interroge les implications sociales de l’IA. La seconde travaille sur un livre à la fois hommage et découverte de la photographe Donna Gottschalk, militante des droits LGBTQ+ âgée de 74 ans. Le prix a été remis à PARIS PHOTO.
Le prix Lewis Baltz a été crée en 2015 pour rendre hommage à cette figure singulière de la photographie, à son enseignement et à ses théories. « Il récompense à travers une bourse de recherche de 10 000 euros une œuvre ou un projet ouvert sur l’époque comme le fut Lewis Baltz » précise Diane Dufour, membre du jury et fondatrice du BAL, espace contemporain dédié à l’image-document. « Il n’y a aucune restriction relative aux médiums ou encore à l’âge ». Le prix distingue parfois un(e) lauréat(e) parfois deux.
En 2023 le prix Lewis Baltz Reasearch Fund #9 et #10 a ainsi été attribué à Marina Gabonneix pour son projet Factories of the social fabric et à Hélène Giannecchini pour Unseen.
Marina Gabonneix : des phénomènes naturels à l’IA
Marina Gabonneix poursuit de fait une réflexion initiée avec Phénomènes exposée à la Galerie Christophe Gaillard de Bruxelles. Le travail s’inscrivait dans le champ des sciences naturelles. Il accumulait les éléments relatifs aux phénomènes naturels extrêmes et insaisissables comme les tempêtes. Ensuite il récréait ces événements en laboratoire. Objectif : « documenter le réel en allant de la merveille à la catastrophe » selon la lauréate du prix Lewis Baltz 2023. Avec Factories of the social fabric Marina Gabonneix passe des sciences naturelles aux sciences sociales. Elle interroge alors les implications sociales de l’IA. « Je travaille sur la fabrique des algorithmes à la suite de la fabrique des phénomènes. Il s’agit toujours de réfléchir sur le non palpable, l’anticipation, les peurs que cela suscite » précise Marina Gabonneix. La photographe va collaborer avec des scientifiques mais aussi avec un sociologue et un philosophe.
Hélène Giannecchini : découvrir la photographie sociale et queer de Donna Gottschalk

De son côté Hélène Giannecchini travaille sur un livre à la fois hommage et découverte de Donna Gottschalk. Elle a déjà rencontré la militante des droits LGBTQ+ âgé de 74 ans. Lors d’un voyage aux États-Unis. Huit heures de bus entre la grosse pomme et Victory, un bourg du Vermont. Hélène Giannecchini veut ainsi saluer une démarche engagée et trop peu connue. Car la photographe Donna Gottschalk documente la vie des plus pauvres comme celle des personnes LGBTQ+. Dans une Amérique rurale. Un travail de très haute qualité selon la lauréate. Surtout une œuvre « Unseen » à faire découvrir sans attendre. La lauréate précise également voir sa récompense « comme une revanche, une reconnaissance tardive de Donna Gottschalk et de son œuvre Unseen ». « J’ai connu Donna par hasard. Je travaille sur la manière dont les personnes queers reconstruisent la famille. J’ai demandé à Isabelle Alfonsi, galeriste chez Marcelle Alix, si elle connaissait quelqu’un. Elle m’a parlé de Donna » explique Hélène Giannecchini. « Chez elle j’ai trouvé beaucoup de négatifs mais peu de tirages. Donna, qui a participé au Stonewall de 1969, l’ancêtre musclé de la Gaypride, m’a parlé des personnes photographiées. C’est un beau témoignage. Ce fonds doit absolument être exploité ».
Lewis Baltz : un photographe ouvert sur l’époque
« Lewis Baltz est né à Newport en Californie. À la fin des années 1960, il commence à utiliser la photographie pour décrire un monde de plus en plus impersonnel dépendant des logiques de production de masse. Ses images de zones industrielles et de l’urbanisation exacerbée des États-Unis sont devenues des symboles de l’art d’après-guerre, en mêlant vision documentaire et approche conceptuelle. Lorsqu’il s’installe en Europe à la fin des années 1980, Lewis Baltz se confronte à un monde où globalisation rime avec dématérialisation des échanges, précarité du travail et architecture normative. Il élargit alors sa pratique à la vidéo, confrontant images et textes dans des installations. Son œuvre a fait l’objet de nombreuses expositions, collectives et personnelles ». Extrait de la biographie établie par le BAL.
Photo principale LBRF #9 – Marina Gadonneix, Untitled (Avalanche #1), 2016 – Courtesy of Lewis Baltz Research Fund
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