Turbulences Eshkol Nevo polars vibratoires
Turbulences Eshkol Nevo polars vibratoires . Trois nouvelles où l’onirisme cohabite avec la réalité brute de la société israélienne, questionne la vérité et reflète avec délicatesse les fragilités humaines.
L’écrivain israélien Eshkol Nevo sort son dernier opus. Trois nouvelles où les personnages se croisent et parfois dialoguent dans la tourmente de leurs vies. Le recueil fait suite à la publication de quatre romans chez Gallimard. Quatre Maisons et un exil (2008), Le cours du jeu est bouleversé (2010), Neuland (2014), Trois Étages (2018), La dernière interview (2020).
Les histoires d’amour bousculées témoignent de la société israélienne. Les guerres dans les cauchemars, le rigorisme religieux qui renie les jeunes s’éloignant de la règle, le racisme … Eshkol Nevo ne fait pas de cadeaux. Mais il nous en offre avec ses trois récits d’une centaine de pages chacun. Avec à chaque fois une intrigue qui laisse une large place au doute.
Amour et vérité
Eshkol Nevo utilise les codes du polar pour explorer l’amour et la vérité de chacun. Dans la première nouvelle, un couple part en voyage de noces en Bolivie. Mor, la jeune mariée, rencontre un voyageur, Omri. Plus tard le mari tombe dans une crevasse sur le Route de la mort. La police enquête sur la culpabilité de Mor et la complicité éventuelle d’Omri. Où est la vérité en amour ? Peut-être dans la décision de croire ou pas.
Dans le deuxième récit, Acher, un médecin chef veuf depuis peu, se sent étrangement attiré par Yafit, une brillante interne. Après un chagrin d’amour Yafit se rend chez Acher qui la réconforte et dont un geste dérape. Maladresse ou intention déplacée ? Que veut croire Acher ?
Enfin, il y a la disparition d’Ofer dans un verger durant la promenade hebdomadaire avec sa femme, Hali. Le couple traverse des turbulences. La police suspecte un temps l’épouse avant de classer l’affaire. La famille poursuit l’enquête. La conclusion de « Un homme pénètre dans un verger » n’a pas la subtilité de la première nouvelle mais interroge notre rapport au réel et les frontières de nos imaginaires.
Polars vibratoires
Si cette dernière nouvelle est directement inspirée de Mulholland Drive (David Lynch 2001) les trois récits sont aussi très fortement imprégnés d’onirisme. Le fantastique cohabite avec la réalité brute de la société israélienne.
La musique confère au roman une dimension vibratoire qui renforce sa composante onirique. Il y a ainsi les percussions d’Omri (âme en hébreu) qui lui donnent une seconde chance de vie. Des sons qui se retrouvent dans la rave-songe où Hali cherche son mari. Les basses de la party vibraient avant la disparation d’Ofer et reprennent pendant la recherche d’Hali. La musique, de Schubert à King Crimson, scelle l’amour d’Acher et de Nina, sa femme défunte. Elle favorise également le rapprochement du médecin et de son interne.
Mais la vibration mais pas que musicale. Elle relève aussi de l’imaginaire. Incarné notamment par brumes dans lesquelles disparait Ronen et celui du jardin-verger-paradis qui happe Ofer. Ou encore par les coïncidences, les intuitions plus ou moins crédibles.
Les personnages diffusent eux aussi leur ondes. Mystérieuses, ambigües, noires avec Mor, ses boucles et ses créoles. Des spirales qui hypnotisent. Solaires avec Omri le viking blond. Ou encore avec les magnétiques Yafit et Niva…
Entre Israël et l’Amérique du Sud Eshkol Nevo crée des turbulences agréables qui jouent sur notre goût pour les énigmes et stimulent nos imaginaires.
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Eshkov Nevo
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