Art Explora : résidence d’artistes à Montmartre
Art Explora : résidence d’artistes à Montmartre . En partenariat avec la Cité internationale des arts, la Fondation poursuit son aide à la création contemporaine en sélectionnant 10 nouveaux créateurs en 2024. Ils travailleront dans le cadre bucolique de la cité Norvins.
Montmartre : intersection de la rue des Saules et de la rue Norvins. À droite en venant du métro Lamarck tout près du Lapin agile et pas très loin du Sacré-Cœur, le cauchemar touristique. Version embouteillage de poussettes et de groupes adorateurs de guides à fanions. En revanche à gauche, un espace inespéré, une bulle verte ponctué de taches lilas. C’est la résidence d’artistes de la Cité internationale des arts. Elle couvre une partie de la cité Norvins, un lieu ayant accueilli de nombreux artistes depuis le XIXe siècle. En 1957, la Ville de Paris rachète la cité et son terrain boisé de plus de 6.000 m 2. Depuis 1971, la Cité y développe des programmes de résidences dans une quarantaine d’ateliers duplex. Les créateurs vivent et travaillent dans huit bâtiments aux grandes verrières entourés d’un vaste jardin aux espèces indigènes.
La Cité internationale des arts possède deux sites à Paris. Le principale dans le Marais accueille 280 artistes, l’autre à Montmartre une quarantaine.
Art Explora et la Cité internationale des arts à Montmartre
Art Explora s’est associé en 2021 avec la Cité internationale des arts pour co-construire un programme biannuel de résidences à destination d’artistes et chercheurs du monde entier. Au programme : rénovation d’ateliers, création de lieux de vie et d’espaces collectifs.
« Créée en 2019, Art explora repose sur deux piliers » explique Bruno Julliard son directeur. « D’une part l’accès à la culture avec notamment des camions-musée, de l’autre le soutien à la création contemporaine ».
À Montmartre, afin d’attirer de nouveaux publics, les fondations organisent des rencontres bi-annuelles. Au menu : visites des ateliers, lectures, workshops, performances, projections de films etc.
La première édition du festival « Croisements : les rencontres de Montmartre » a eu lieu en juillet 2021. La prochaine se tiendra en juillet 2024.
Côté soutien à la création, chaque résident bénéficie d’un atelier logement d’environ 50m2, équipé et meublé, d’une bourse de vie de 1000 euros par mois et d’une aide à la production de 3000 euros pour leur projet. En 2024 dix artistes venant de 10 pays différents, ont ainsi été choisis par un comité de sélection afin de rejoindre le programme.
Focus sur trois artistes en résidence
Korakrit Arunanondchai : journal intime et maison des esprits
Parmi les artistes Korakrit Arunanondchai. Né en Thaïlande en 1986, il vit et travaille à New York et Bangkok. Connu pour ses installations, ses performances et ses vidéos l’artiste mêle mythes, ultra modernité et vie personnelle. Il a notamment exposé au Palais de Tokyo et à la Biennale de Venise.
Korakrit Arunanondchai travaille notamment sur un projet de type Livre de la jungle à l’ère du surtourisme. Point de départ : un fait divers. En Thaïlande un cinéma abandonné attirait les touristes qui y nourrissaient des dizaines de singes. Le covid 19 et l’arrêt des voyages a mis fin aux festins. Les singes ne sachant plus s’alimenter de manière autonome ont alors investi les villages en quête de nourriture. Ils se montraient parfois agressifs. Aujourd’hui la nature reprend ses droits.
Son travail de résidence s’inscrit dans la vie de famille, l’un de ses thèmes de prédilection. Il part du journal intime de son grand-père « pour initier un voyage qui associera des lectures, l’écriture de textes et des visites dans différents quartiers qui ont marqué sa famille et les souvenirs que celle-ci garde de Paris, notamment de l’ambassade de Thaïlande ». Ainsi à travers des conversations avec sa mère « Korakrit Arunanondchai entamera une nouvelle série d’œuvres en transformant les maisons de poupées de sa mère en sculptures de maisons habitées par des esprits, et en construisant une petite animation de marionnettes dans l’espace de son studio ». Ce projet se prolongera sous la forme d’un court métrage d’une vingtaine de minutes intitulé To Compete with The Chorus of times.
Mira Mann : sur les traces de la danseuse iconique Choi Seung Hee
Né·e en Allemagne, Mira Mann vit et travaille à Düsseldorf (Allemagne). « Alliant les performances, les
images vidéo, la scénographie et les objets, le travail de Mira Mann explore les thèmes de l’hybridité,
de la représentation et de la mémoire, des schémas narratifs de l’histoire sous-jacente canonisée et
instrumentalisée » lit-on dans sa biographie.
L’artiste a récemment exposé ses œuvres au Frac Île-de-France, Réserves & Fondation Fiminco (France, 2023), au N/A (Corée du Sud, 2023), à Serpentine (Royaume-Uni, 2023) ou encore à Drei (Allemagne, 2022).
Sur les murs de son atelier des photos et des archives. Sur son bureau des exemplaires de The Mirror des années 30. Les documents portent tous sur Choi Seung Hee.
Rien d’étonnant car la danseuse iconique est au centre du projet de résidence de l’artiste.
Le point de départ de cette recherche est un livre de photographies de Chris Marker intitulé Coréennes, qui retrace son voyage en Corée du Nord organisé en 1958 par le Parti communiste français. L’une des femmes photographiées est l’actrice et danseuse Choi Seung Hee, star de la danse moderne et socialiste engagée. La diva nord-coréenne, qui a japonisé son nom en Sai Shoki, était considérée comme la Isadora Duncan de Corée. Lors de son passage à Paris en 1938 pour danser dans un spectacle au Théâtre national de Chaillot, elle impressionna le milieu artistique de l’époque de Cocteau à Bataille en passant par Picasso. Mira Mann travaille sur l’auto exotisation, la performance, le genre et les nouveaux socialismes. Elle projette de construire « une archive d’idéogrammes, de gestes, de danses, de pauses, d’images et de sons » autour de ses thèmes.
Brilant Milazimi : chiens migrants
Brilant Milazimi est né au Kosovo. Il vit et travaille à Prishtina. Sur Instagram il présente sa peinture comme réaliste et reflétant le quotidien ainsi que les sentiments que les gens ne veulent pas montrer.
Le travail de Brilant Milazimi a été présenté dans à Santa Lucia del Gonfalone (Italie, 2023) et à la
Manifesta Biennale (Kosovo, 2022).
L’artiste évoque la précarité et de la mobilité à travers les chiens. « Je suis parti de l’idée des chiens errants du Kosovo. Ils n’ont pas d’abris mais pas non plus de frontières. Ils peuvent circuler. Migrer en France. En revanche les humains ont une maison mais ne peuvent pas encore passer les frontières européennes ». L’image de ses chiens sera incarnée sous forme d’installations sculpturales dans l’espace public.
Le projet comprendra également une série de tableaux et de dessins inspirés par l’art paléolithique en France, explorant les survivances d’œuvres anciennes dans la société contemporaine.
INFOS
Résidence d’artistes Art explora x Cité des arts de Paris
24 rue Norvins
Paris 75018
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