Expo Guerlain Passion dessin à l’Hospice Saint-Roch
Expo Guerlain Passion dessin à l’Hospice Saint-Roch. Un parcours en quatre thèmes qui croque l’intimité entre cet art « originel » et le couple de collectionneurs.
Étrange, énigmatique, l’image convoque les imaginaires. Le dessin évoque à la fois une marionnette aux fils coulants, un Icare prêt à fondre, un ballet de Stravinsky. Les coulures sont la signature de l’artiste allemande Ulla von Brandenburg comme le motif inspiré par la danse, la théâtre ou encore le cirque.
L’aquarelle capture le regard par l’aura qu’elle dégage et par son accroche, en majesté, dans l’exposition du musée de l’Hospice Saint-Roch qui regroupe 321 dessins de 93 artistes. Tous sont issus de la collection privée de Florence et Daniel Guerlain.
La passion du dessin contemporain
En 2020 l’Hospice Saint-Roch ouvre un parc de sculptures dans les anciens vergers et potagers. Sur 5000 m2 des œuvres d’artistes des années 50 à nos jours. Florence et Daniel Guerlain, amateurs de jardins et de sculptures, font alors don d’une œuvre de Marta Pan. Objectif : lui donner une seconde vie et la donner à voir. Le don de la sculpture fait germer l’idée d’une exposition autour de la passion du dessin alors que le couple avait déjà fait don de sa collection de 1 200 dessins au Centre Pompidou en 2012.
Florence et Daniel Guerlain sont des collectionneurs d’art qui ont progressivement recentré leur passion sur le dessin contemporain. Avec leur Fondation et la création du Prix de dessin contemporain en 2007, ils ont largement contribué à éveiller l’intérêt pour la discipline.
« Le dessin a quelque chose d’originel » estime Daniel Guerlain. « On dessinait déjà dans les cavernes ». Quant aux collections, elles « racontent toujours une histoire ». Florence Guerlain refuse de choisir des coups de cœur car « Chaque fois il y a quelque chose de grisant, chaque fois il y a un choc émotif ». Tandis que son mari va plus loin en confessant presque que « collectionner est une maladie ».
Une exposition en 4 salles et un cabinet d’art graphique
L’exposition suit un parcours en quatre étapes et un cabinet d’art graphique. Là où tout a commencé. Jean-Jacques Haffner, le grand-père maternel de Daniel Guerlain, est architecte, prix de Rome, collectionneur et aquarelliste. C’est indéniablement lui qui a éduqué l’œil de son petit-fils. Une passion en héritage. Dans ce cabinet d’art graphique du musée de l’Hospice Saint-Roch, on découvre ainsi des aquarelles de Jean-Jacques Haffner. Mais aussi des dessins sur carton de Carlos Javier Garcia Huergo. Et ceux, sur couvertures de livres déchirés, de Christos Venetis, sélectionné au Prix de dessin contemporain 2024. Le grand écart. L’instantané d’une vie.
Dans l’exposition un dessin bleu de Bambou, la dernière compagne de Serge Gainsbourg, par Frédéric Pardo. Plus loin, un « Portrait de Florence » de Wardell Milan. « J’ai acheté le Bambou avant de collectionner avec Florence » sourit Daniel Guerlain. Le couple s’est rencontré autour de l’art. Mais une autre rencontre va être décisive dans la constitution des collections. Celle du plasticien américain David Webster. « Dans les années 80, Florence et Daniel Guerlain étaient encore centrés sur un petit nombre d’artistes. Je leur ai ouvert d’autres horizons. Notamment celui de la création internationale » explique celui-ci.
Le dessin entre corps, portrait et paysage
L’exposition explore quatre thématiques. Les techniques, le corps, le portrait et le paysage. Mais « les frontières sont poreuses » indique Patrice Moreau, commissaire général et conservateur du musée de l’Hospice Saint-Roch.
Par ailleurs Florence et Daniel Guerlain expliquent dans des cartels leurs rencontres avec les artistes ainsi que les caractéristiques des œuvres. Des rencontres parfois cocasses pour les collectionneurs. « Mehrdad Rashidi habite dans un quartier choc de Londres. Mais il nous a reçu en short et tongs au milieu de centaines de dessins » se souvient le couple.
Dans l’exposition on passe des transparences poudrées de Jérome Zonder au trait appuyé de Philippe Cognée. Du gris de Hans Op de Beeck aux couleurs primaires de Pavel Pepperstein en passant par le noir de Jean-Charles Blais ou de Chloé Piene. Selon Daniel Guerlain « On retrouve sur le dessin en papier qui se déplie ses gestes de danseuse ».
L’encre de chine de Fabien Verschaere succède au stylo à bille d’Amir Nave (lauréat du Prix de dessin 2024) ou encore aux textiles de Cathryn Boch et aux gouaches d’Omar Ba.
Les mystérieuses saynètes d’Ivan Yanikov dialoguent avec les saints martyrisés de Michael Landy qui a fait le buzz en détruisant tous ses biens. Un art consommé de la destruction. Les collectionneurs comme les Guerlain prennent le contrepied en préservant. Mais savent aussi organiser des « happenings » en faisant des dons massifs comme la donation au Centre Pompidou.
INFOS
LA PASSION DU DESSIN
La collection privée de Florence et Daniel GUERLAIN
Du 29 juin au 22 septembre 2024 – entrée gratuite
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