Commandant Solane polar humaniste

Commandant Solane polar humaniste. Le retour de Jérémie Claes en lutte contre l’extrême droite. Cette fois-ci le flic retraité enquête sur un trafic de migrants. Combat urgent mais résultat décevant.
Jérémie Claes poursuit sa croisade contre les droites extrêmes. Dans son premier opus, L’horloger, il orchestrait une intrigue magistrale croisant désir d’éternité des savants fous du III e Reich et délires des ultra trumpistes. Le caviste amoureux du sud de la France revient avec un roman nettement moins sophistiqué aux ficelles presque aussi grosses que le ventre du héros. Le Commandant Solane. Un fric à la retraite déjà en première ligne dans L’horloger. Ainsi d’ailleurs que son ami, le Busard, ancien haut fonctionnaire de la République.
Les deux compères se baladent en mode pré-apéritif gourmand quand une vision leur barre la palais. Sur la plage de Cannes-La-Bocca une quarantaine de corps calcinés s’échouent. Les dépouilles de migrants. Spectacle terrifiant. D’autant plus que les touristes ne bougent pas. Jérémie Claes confie s’être inspiré d’un reportage de la RTBF en Tunisie. On pense également à la photo du corps d’Aylan Kurdi, le petit Syrien de 3 ans, mort noyé et échoué sur une plage turque.
Le commandant Solane estime que l’enquête est loin d’être à la hauteur de cette tragédie. Le commissaire en charge des investigations serait-il freiné par un Rassemblement Patriotique tout puissant ? La pisteur reprend alors du service.
Lookbook du bien et du mal
Comme dans L’horloger, les méchants sont très très méchants et les gentils très très gentils. Les méchants se subdivisent en stylés sexy et cauchemars boschiens. Ainsi la chef de l’extrême droite régionale ressemble à une madone préraphaélite ou presque. Tandis que le maitre des basses œuvres s’incarne en diable sans visage. Côté forces du bien, le commandant Solane s’éloigne de plus en plus des canons esthétiques traditionnels alors que Moussa le jeune migrant miraculé pourrait – retapé- se voir en égérie d’une marque de sport.
Fiction et réalité
L’intrigue emprunte beaucoup à la réalité. Il y a les naufrages. Il y a aussi les jeunes identitaires qui entravent la marche des migrants dans les montagnes. Dans le roman ils sont doublés d’une milice clandestine qui se revendique des hoplites, les redoutables guerriers grecs. Il y a également la militante humanitaire qui maraude et accueille les voyageurs forcés. Ou encore les mafieux russes derrière le trafic de migrants, des prisons libyennes à la Riviera.
On retrouve avec plaisir les montagnes et les villages de l’arrière pays occitan. Avec son épicentre Gourdon, au cœur du Lot. On apprend de nouveaux accords mets-vins, on découvre des jus fabuleux. Et on se prête au jeu des clins d’œil. Comme dans l’Horloger les forces du bien, le clan de Solane élargi au bourg, repoussent une nouvelle fois l’assaut du mal.
En revanche on tique en lisant les performances d’un Commandant Solane au physique d’un Galabru et à la résistance d’un James Bond. Increvable le gaillard. Surtout, on s’ennuie face à une intrigue convenue qui manque nettement de subtilité. Les bons sentiments ne font pas les bons livres ni d’ailleurs les bons films. La croisade urgente et légitime de Jérémie Claes dans Commandant Solane est très loin de valoir celle de L’horloger.
INFOS
Commandant Solane
Jérémie Claes
Related article Commandant Solane polar humaniste