Sur la vaste mer ultime odyssée de James Cook

Sur la vaste mer ultime odyssée de James Cook. Hampton Sides pose son regard sur le dernier voyage de l’explorateur avec la précision d’un historien ethnologue et le souffle d’un grand conteur.
Il avait déjà un nom de légende. Il aurait pu finir sa vie entre famille et recherches dans une tranquille retraite offerte par l’Amirauté. Mais James Cook ne résiste pas aux sirènes d’un troisième tour du monde. Le 12 juillet 1776, le capitaine, considéré comme le plus grand explorateur de l’histoire britannique, embarque pour un troisième grand voyage à bord du HMS Resolution.
« Sur la vaste mer » mêle habilement l’histoire personnelle de Cook à des réflexions plus larges sur l’ère des Lumières, les grandes explorations et leurs conséquences complexes, y compris un prisme anticolonialiste contemporain.
Portrait de la vie à Londres
Le livre d’Hampton Sides est certes un livre sur les grandes explorations. Mais il dissèque également la société britannique de l’époque. On y rencontre ainsi Maï, le jeune Tahitien qui devient la coqueluche de la capitale britannique, surtout de la haute aristocratie et de la grande bourgeoisie. Il a même ses entrées chez le roi George III ! Le souverain va d’ailleurs profiter du retour de Maï pour implanter des animaux et des plantes dans l’écosystème des grandes îles du Pacifique, dérangeant déjà la coexistence avec la flore et la faune locale et posant le problème des espèces exogènes. La « réimplantation » d’un Maï anglicisé se terminera, elle, dans un vaste chaos.
Deux regards sur l’exploration
« Sur la vaste mer » a l’intérêt d’offrir deux regards sur l’exploration. L’auteur prend en effet soin de détailler sa méthode de travail, notamment en confrontant les points de vue, même si les sources britanniques sont beaucoup plus nombreuses que les sources autochtones. Les recherches restent donc limitées sur ce plan, mais on peut y percevoir une idée du regard condescendant – et assez politiquement incorrect aujourd’hui – sur la vie des Polynésiens, leurs coutumes, etc. Reste que, selon l’auteur, Cook semble respectueux et évite généralement la violence. Reste aussi une aura d’ombres autour d’un Cook aux prises parfois avec d’étranges humeurs.
Le souffle de l’aventure
Hampton Sides, avec sa plume immersive et sa rigueur documentaire, recrée la nouveauté des expériences. Il fait vivre les douleurs du froid, les tortures de la faim, les morsures des doutes, de la peur et de l’ennui. Il partage également la joie des découvertes, l’ivresse des rivages réconfortants, le goût de saveurs nouvelles.
L’écrivain s’attache aux différences culturelles comme aux phénomènes naturels terrifiants autant que merveilleux. Le livre, traduit de l’anglais par Séverine Weiss et publié aux Éditions Paulsen, est à la fois un récit d’aventure effréné et une analyse approfondie des impacts de ces voyages sur les peuples autochtones. Il questionne aussi l’attrait des terres inconnues, des mystères océaniques. En premier lieu celui du passage du Nord-Ouest qui décide Cook a reprendre la mer. Malgré l’anticipation des conditions de navigation extrêmes, le risque de perte de vaisseaux, d’équipages et d’amis.
Sur la vaste mer
Hampton Sides
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