Paris Photo Murmurations d’Alain Delorme

Paris Photo Murmurations d’Alain Delorme. Ces dangereux murmures du plastique résultent d’un travail d’illusionniste saisissant sur les oiseaux et le plastique. Une démarche artistique qui questionne la société de consommation et l’écologie. Le photographe a reçu le prix photo Dahinden une autre empreinte … sur l’environnement.

Le solo show d’Alain Delorme présente de grands formats en forme de trompe-l’œil qui bluffent vraiment si l’on ne détient pas la clef ou si l’on ne s’approche pas assez près. Des photos qui attirent par un savant jeu de séduction. Une attraction d’abord basée sur le sujet. Des nuées d’oiseaux qui évoquent la nature et la liberté. Ensuite sur la composition. Alain Delorme crée des nuées sublimes qui intriguent tantôt par leurs arabesques abstraites tantôt par leur force évocatrice. On pense d’emblée aux oiseaux d’Hitchkok ou au sac plastique qui danse dans American Beauty. Enfin par la densité de leurs couleurs. Le photographe met systématiquement en scène ces nuées noires sur un fond de soleil couchant auquel il ajoute des bâtiments ou des infrastructures.

Mais nature, paysages grandioses, liberté, tout est faux. Les Murmurations, c’est-à-dire les nuées d’étourneaux qui se forment au soleil couchant, sont en fait des sacs de plastique réunis par milliers. Effectivement comme dans notre environnement. La beauté des Murmurations est ici autant trompeuse que menaçante. Dangereuse pour la planète, les animaux et les humains. La seule liberté est celle de combattre le plastique.

Murmurations : sculptures plastiques entre land art et numérique

Les œuvres sont créés par des outils numériques mais font écho au land art et à l’art de l’installation. Elles s’inspirent aussi de l’accumulation chère au Nouveaux Réalistes lit-on sur le site d’Alain Delorme.

Une vidéo explique le processus de création. Fastidieux. En effet, pour composer un cliché l’artiste shoote un sac qu’il photographie environ 200 fois en lui donnant une forme différente à chaque prise. Ensuite il détoure et ré-incruste dans l’image chaque sac dupliqué à l’infini. Au final, sur chaque image on compte entre 10 000 et 100 000 sacs plastiques. Un travail de fourmi plutôt que d’étourneau. Alain Delorme s’est aperçu lors de ses voyages de l’omniprésence des sacs plastiques. Dans les endroits les plus reculés. Ou pas. Ainsi en 2012 il a collecté une quinzaine de sacs sur un marché. Un sac plastique : temps de production : quelques secondes, temps d’utilisation : 20 minutes, temps de décomposition : entre 100 et 400 ans.

Murmurations s’inscrit dans la veine des séries précédentes. Little Dolls est inspirée par Lawick et Müller ou Aziz et Cuche. La série, prix Arcimboldo en 2007, questionne l’utilisation de l’enfant dans nos sociétés de consommation et de spectacle. Icons interroge le rapport accéléré voire compulsif à l’image. Dans Totems Alain Delorme utilise la démultiplication et la densité des couleurs pour plonger dans le Made in China version, là aussi, société de consommation.

En 2024, Murmurations sera exposé à Tartu (Estonie), capitale Européenne de la Culture.

Prix Dahinden : une autre empreinte sur l’environnement

Alain Delorme (1979) est né et travaille à Paris. Il est diplômé de l’école des Gobelins et d’un master en Photographie de l’université Paris VIII.

Alain Delorme a reçu le prix photo Dahinden Une autre empreinte. Le prix « a pour objectif de promouvoir la création artistique, une production plus éco responsable dans le milieu artistique, et de sensibiliser un public large aux enjeux environnementaux ». En 2023 l’air était le troisième volet du cycle autour des éléments.

Le photographe a ainsi pu bénéficier d’abord d’une double page dans le numéro spécial de Polka qui est sorti pendant la semaine professionnelle du festival des Rencontres d’Arles (juillet). Ensuite d’une exposition sur les quais de Seine dans le cadre de la deuxième édition de la Biennale Photoclimat (septembre-octobre). Enfin, au printemps 2024, il présentera son travail dans un des showrooms parisiens de Roche Bobois partenaire du Prix Dahinden.

Crédits photos : Alain Delorme MURMURATIONS – Ephemeral Plastic Sculptures

INFOS

Site Alain Delorme

Prix Dahinden Une autre empreinte

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