Le dernier dîner du Général : de Gaulle confessions d’un filleul
Le dernier dîner du Général : de Gaulle confessions d’un filleul. Charles Guerrin partage sa « filleulité » avec humour, des poussées d’agacement à la tendre lucidité. L’acmé est une ballade, une « nocturne » en terre champenoise dernier salut à la terre et aux Hommes.
Naissance, mort et, entre les deux, l’appel du 18 juin, cette année le général de Gaulle est triplement célébré.
Pas facile d’être le filleul de ce monument qui -de commémorations en débats sur l’existence du gaullisme ou d’interrogations sur l’équation gaullisme de gauche et ordre moral- s’invite régulièrement dans l’actualité.
Ce gigantesque sémaphore
Ce monument c’est d’abord par le physique que Charles Guerrin, le filleul, l’appréhende. Il est question de « ce gigantesque sémaphore », « cette bedaine s’épanouissant vers la terre », « ses jambes interminables, « son nez de deux kilomètres ».
Le physique reflète le verbe : « son emphase apocalyptique, son grandiose de carton pâte » tout en moulinets de mains et termes surannés dont le célèbre « coquecigruesque ».
Ce monument encombre la vie du petit Charles dès l’enfance.
Ses frères se moquent, sa mère relativise, son père le somme silencieusement d’assurer.
Il est une sorte d’élu. À la Libération, le Grand Charles a parrainé les milliers de petits Charles. Mais Charles Guerrin rencontre son immense parrain, lui écrit sporadiquement et enfin dîne avec lui à la Boisserie sa résidence de « Colombey-les-deux-clochers » (Colombey-les-Deux-Églises). Cette distinction il la doit à son père ami d’enfance du futur Général (collège des jésuites), résistant, compagnon convaincu du héros de la France libre.
Indifférence et tendre lucidité
Le filleul passe une grande partie de sa vie à tenter d’oublier l’attache encombrante. Vaste tâche. L’histoire du Général croise l’histoire de France : retour aux affaires en 58, nouvelle république, souverainisme, décolonisations, guerre d’Algérie, mai 68. L’histoire de France croise celle du petit puis du grand Charles Guerrin. Il joue la distance, a des poussées d’agacement tout en posant parfois sur son parrain, père de la Nation et troublion international, un regard d’une tendre lucidité.
L’acmé du roman est le premier et dernier dîner à la Boisserie peu avant la mort du Général. . Charles Guerrin fait surgir une réalité peut-être alternative, un moment de frontières, de brumes entre l’intime et l’histoire (fictionnée ?), une fantaisie.
Une nocturne comme un dernier salut
Après le dîner les deux Charles entament une promenade « digestive ». Les petit Charles digère son ressenti, le Grand son existence.
La vadrouille est une sorte de nocturne en terre champenoise, une balade en ruralité quand les hommes sont couchés et les paysages debouts. La DS présidentielle reste au garage. L’antique Citroën de tante Yvonne traverse les paysages post crépusculaires.
L’arrêt au bistrot et la rencontre avec la serveuse sonnent comme un dernier salut au peuple.
D’emblée drôle, Le dernier dîner du Général distille un charme progressivement incongru.
Le dernier dîner du Général : de Gaulle confessions d’un filleul
Le dernier dîner du Général
Editions Cent Mille Milliards
https://centmillemilliards.com/wp/
Related articles
Tant qu’il y aura des cèdres Pierre Jarawan
https://finelife.tv/fr/2020/08/08/tant-quil-y-aura-des-cedres-pierre-jarawan/
Reims escapade de Clovis à Foujita
https://finelife.tv/fr/2018/04/23/reims-escapade-de-clovis-a-foujita/
Nom Constance Debré livre une bio politique décapante https://finelife.tv/fr/2022/11/28/nom-constance-debre-livre-une-bio-politique-decapante/