Petrina Hicks : expo troublante en Baroque Blanc
Petrina Hicks : expo troublante en Baroque Blanc. Les portraits géants et immaculés de l’artiste percutent notre inconscient. Ils questionnent autant le genre que les archétypes culturels des enfants et des femmes.
Dans le cadre d’Australia Now, l’ambassade d’Australie présente une artiste peu connue en France : Petrina Hicks. Née en 1972 et basée à Sydney, la photographe a en revanche conquis, en 15 ans, une renommée internationale. Inclassables, ses portraits détournent les clichés de la photographie commerciale pour interroger les promesses frauduleuses de perfection comme les schémas culturels issus des religions et du patriarcat. Ils dévoilent par ailleurs une intimité raffinée .
Entrée en matière directe.
Un grand format au fond pale, un portrait de femme blonde au teint de lait. Dans l’oeuvre qui ouvre l’exposition, Petrina Hicks joue les déclinaisons de blancheur. Elle interroge le lisse, le bleached qui donne son nom à la « collection »: Bleached Gothic.
Le gothique de l’artiste est celui de l étrange, du foisonnement d’imaginaires, du rapport à l’inconscient. Cette étrangeté happe le regard qui se fixe sur la jeune femme qui avale ou vomit un oiseau chatoyant.
Cette oeuvre trouble par les couleurs, l’immaculé tranchant avec un concentré de teintes. Elle dérange aussi par le mouvement – ingurgitation ou dégurgitation-.Un mouvement qui surgit au milieu d’une mise en scène semblant paradoxalement figée.
Cet instantané perturbe enfin par le thème qui renvoie aux mythes initiatiques, aux contes.
« Je puise mon inspiration dans les mythologies, l’histoire de l’art, les histoires populaires comme le petit chaperon rouge » explique Patrina Hicks lors de la conférence de presse inaugurale.
Le thème du petit chaperon rouge se retrouve dans d’autres portraits donnant à voir des petites filles qui semblent avoir le dessus sur le loup. La photographe interroge la place de la femme, de l’enfant inversant les perpectives.
Plus loin, des oeuvres montrant d’autres petites fille en « dialogue » avec des serpents réinterprètent le mythe d’Ève la pécheresse originelle. L’animal -incarnation diabolique dans la Bible- se mue en un jeu que le féminin semble diriger au lieu de subir.
Petrina Hicks décline ce thème en représentant ses modèles -toujours immaculées- posant avec des fruits. La pomme devient un autre fruit, toujours très coloré, porté au plus près du mythe par le modèle fétiche de l’artiste, une femme albinos à la fois incarnation ultime de la pureté édénique et objet de méfiance et de pérsécutions dans certaines cultures.
L’exposition présente également des femmes scénarisées parmi des objets antiques -amphores ou coquillages-, références à la place de la femme dans l’histoire de l’art.
Originale et déstabilisant, choc entre hyperréalisme et surréalisme, le travail de l’artiste australienne qui questionne autant le genre que la construction culturelle des enfants et des femmes est à découvrir en urgence.
Petrina Hicks
Gothique Blanc -Bleashed Gothic
Ambassade d’Australie
Jusqu’au 30 septembre 2021
4 rue Jean Rey
75015 Paris
https://france.embassy.gov.au/
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